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Un ensemble d'articles rédigés avec soin par des étudiants sur de nombreux sujets

En 1951, Alioune Diop, intellectuel sénégalais, commande à Alain Resnais, réalisateur français, au  nom de la revue et maison d’édition « Présence Africaine », un film revendiquant l’importance des arts d’Afrique. Alain Resnais décide de travailler avec Chris Marker, qui écrit le commentaire (récité par Jean Négroni), et réalise ce documentaire pionnier entre 1950 et 1953. Le résultat est un plaidoyer admiratif pour les arts d’Afrique et un regard esthétique porté sur les oeuvres défendues par de superbes prises de vue en noir et blanc de Ghislain Cloquet. Ce film, avec son parfum anticolonialiste fut censuré à cause de l’opposition à la politique française en Afrique exprimée dans certains passages. Jusqu’en 1964, soit onze ans après sa sortie, il n’avait été projeté que rarement.

« Les statues meurent aussi »

Connaissant très peu l’art africain, Marker et Resnais ont été guidés par Charles Ratton au titre de conseiller artistique du film. Le film présente  près de cent cinquante chefs-d’oeuvres choisis par lui, parmi les plus prestigieuses collections muséales et privées de l’époque. Le tournage se déroula surtout dans trois musées: le musée de l’Homme à Paris, le British Museum à Londres et le Musée Royal de l’Afrique Centrale de Tervuren. Les oeuvres sont filmées dans un environnement neutre, sur fond noir ou clair, avec des jeux d’ombres projetées. La démarche fut la même avec les chefs-d’oeuvres de nombreux collectionneurs prestigieux-tels que Helena Rubinstein, Jacob Epstein, Webster Plass, René Rasmussen, Charles Lapique et Charles Ratton, pour ne citer que les plus célèbres. C’est cette intimité, avec près de cinquante pièces aux natures et origines très diverses, et ce regard admiratif des réalisateurs à l’égard d leur sujet d’étude qui, servis par le talent du directeur de la photographie Ghislain Cloquet, confèrent aux images des « Statues » une poésie sans égale.

« Quand les hommes sont morts, ils entrent dans l’Histoire. Quand les statues sont mortes, elles entrent dans l’art. Cette botanique de la mort, c’est ce que nous appelons la culture ».

(Introduction du film « Les statues meurent aussi », A.Resnais - Chris Marker, 1953)

En 2010, ce film fut le sujet de l’exposition « Ode au grand art Africain », organisé dans le cadre de Parcours des Mondes à la Monnaie de Paris. Cette exposition a grandement contribué à la redécouverte de ce film censuré à sa sortie en 1953.

              Eléonore Meurthe Hénon, association l’Optimiste.

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